jeudi 4 décembre 2014

Fou. Fou. Fou. HOKUSAI.

Hokusai. Mont Fuji Rouge. Vers 1830. DR.

Né sur les rives de la Sumida, à proximité d'Edo, Hokusai (1760-1849) eut de multiples vies et quantité de noms sous lesquels il signa une œuvre protéiforme qui demeure une merveille absolue.

Impossible de résister à la puissance, l'élégance et l'humour, à la virtuosité de ses dessins. Nul comme lui n'a su maîtriser les aléas et circonvolutions, les accents et déclinaisons de la ligne. L'art nouveau européen en portera la marque indélébile.

Ce trait incomparable soutient une œuvre immensément riche sur les plans artistique et ethnographique. Ses célèbres estampes (comme Les trente six vues du Mont Fuji) et les milliers de croquis de ses mangas (15 cahiers de croquis publiés en 1814 et 1878) offrent un panorama de choix sur le Japon du XIXe siècle.

Faune, flore, mœurs du petit monde d'Edo et des différentes couches de la population. Sans oublier les techniques, les petits métiers et la peinture - précise, si précise - des façons d'être et de vivre du monde humain, animal… et végétal. Car la nature japonaise est une nature animée, peuplée de ces fameux "kamis", esprits ou dieux issus du shintoisme, qui rendent si troublante, si "flottante", l'appréhension de la civilisation japonaise.

L'œuvre d'Hokusai est un Monde. Foisonnant. Poétique. Précis et détaillé. Synthétique jusqu'à la perfection. — C'est assez dire que la très riche exposition du Grand Palais est un événement à ne rater sous aucun prétexte.

J'avais pu voir le premier volet de ce cérémonial présenté en deux temps (pour cause de fragilité des œuvres exposées). Je vais, comme beaucoup, me précipiter pour voir ce deuxième volet, partiellement renouvelé. Et me plonger dans les mille et une merveilles de ce fou (et plus que fou) de dessin.

PS. Se munir de patience (l'exposition est très courue) et de bonnes lunettes. Tant de choses sont dans le détail, l'extrême détail…, le pli et le repli de la ligne.

"Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante ans, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Ecrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin."

Hokusai (dont le nom ferait référence à l'étoile polaire) disparaît de cette terre pour rejoindre les étoiles à l'âge de 89 ans.

Hokusai au Grand Palais
Du 01 Octobre 2014 au 18 Janvier 2015


Exposition à la BNF en 2008

Hokusai. Denshin Kaishu. 1817. DR.

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